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  Un sommet de l'OCI sous l'ère wadienne: un moyen et une fin
 

Un sommet de l'OCI sous l'ère wadienne: un moyen et une fin

Un peu plus de cinq ans durant lesquels Abdoulaye Wade a tenu en haleine ses concitoyens; cinq années où il a parcouru le monde avec la Pointe de Sangomar pour faire en sorte que le sommet de l'OCI, initialement prévu à Dakar en 2007, soit un succés total. Et voilà qu'en mars 2008 se tient enfin un sommet long d'une semaine, mais qui aura fait couler tant d'encre et mobilisé tant d'énergie pour son organisation.

Organiser un sommet d'envergure internationale a été un souhait ardent du président Wade dés ses premières années à la tête de la magistrature suprême. Il a sauté sur la première réelle occasion qui s'est présentée (en l'occurrence l'Organisation de la Conférence Islamique) afin de réaliser ce désir, même si l'instance en question ne dispose pas d'une place prépondérante dans les institutions internationales. De prime abord, l'ambition de Maître Wade relève d'une bonne intention (le chemin de l'enfer en est pavé); Franklin D. Roosevelt comprit que sortir son pays de la Grande Dépression enclenchée en 1929 nécessitait l'amorce de gigantesques travaux publics susceptibles de relancer l'économie nationale. La démarche de M. Wade relève sans doute d'une logique similaire, mais à une échelle plus réduite, et il convient de reconnaître qu'il a voulu donner un coup de pousse à l'emploi par les investissements engrangés dans les chantiers de Dakar. Une analyse objective des faits montre que la préparation du sommet a contribué à donner un visage nouveau  à la capitale sénégalaise. Le vétuste réseau de communication a trouvé une autre configuration à travers le désengorgement des artères principales et bénéficie désormais d'un nouveau souffle qui lui manquait cruellement. En ce sens, le traffic urbain gagne en fluidité; le gain de temps est lui aussi significatif, ce qui par ricochet est trés bénéfique à l'économie.                                                                                                                      
Par ailleurs, cette politique de Wade père est un moyen utilisé à des fins purement politiciennes, non pas à son compte mais à celui de Wade fils. En effet, en nommant celui qui a obtenu le sobriquet de "monsieur dix pour cent" à la tête de l'ANOCI, Abdoulaye a voulu donner une naissance politique à Karim aprés lui avoir donné une naissance biologique. L'ANOCI se révèle donc comme étant la rampe de lancement de M. Karim Wade (quoi qu'en dise l'opposition) car censée le faire connaître au peuple sénégalais, et ce afin de donner plus de crédibilité à une quelconque prétention à la présidence. Quand le fils du président s'exprime en disant "en route vers les sommets", nous sommes donc tentés d'ajouter "...du pouvoir". La gestion opaque des fonds de l'ANOCI contribue, par ailleurs, à faire croire que certaines sommes ont été utilisées pour satisfaire des exigences personnelles et /ou politiques. Or Maître Wade étant bien conscient de la masse financière qui allait être en jeu, a confié la direction de l'organisation du sommet à Karim, personnage le moins susceptible de tromper son père. Tout ceci pour dire que les réalisations de l'ANOCI sont une poudre aux yeux, un arbre du concret qui cache une forêt de l'abstrait. Pour preuve, les infrastructures mises à jour ont été inférieures à ce qui avait été annoncé: quelques échangeurs qui ont coûté plus que leur valeur réelle et pas un hôtel sorti de terre. En lieu et place, c'est un paquebot somptueux qui est loué ( pour une somme officieuse d'un milliard de francs CFA par jour) pour que moins de la moitié de ses chambres soit occupée: un bel exemple de bonne gouvernance!                                                                        
D'autre part, l'organisation du sommet a été, pour notre président, une fin en elle-même. Senghor a eu son festival des arts nègres;   Wade, lui, pourra se targuer d'avoir marqué son dernier mandat d'un succés diplomatique en acceuillant dans sa capitale un sommet de l'OCI en grandes pompes. Et pour le conforter dans cette vérité gratifiante, l'on rappellera qu'en marge du sommet, il a réussi à faire signer un énième accord de paix entre les frères ennemis tchiadiens et soudanais. Enfin, Abdoulaye Wade parachèvera sa présidence à la tête de notre République avec une présidence de l'OCI,ce qui contribuera fortement à redorer son image de marque au plan international. Quant à son fils, il ne se contentera nullement d'un sommet au bilan mitigé; l'appétit vient en mangeant mais nos compratriotes diront s'il a les yeux plus gros que le ventre.                                                                                     
                       Alioune SECK

 
   
 
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