Le pouvoir politique s’inscrit et s’exerce dans le cadre de l’État , qui constitue le support de toutes les institutions existant sur le plan national comme sur le plan international. A ce titre l’État apparaît comme une entité en termes juridiques, une institution, une personne morale, détachée de la personne physique des gouvernants. Là se trouve la quintessence même de la notion. Mais là se trouve aussi l’amalgame, la confusion, que je crois volontaire car motivés par des intérêts personnels, dont font preuve les hautes autorités de l’État. Cette distinction entre personne morale et personne physique et nette. Elle permet en effet à l’État de demeurer même en cas de vacance du pouvoir. C’est ce que la doctrine appelle volontiers la permanence de l’État. Dans tous les États démocratiques, j’ose y intégrer le nôtre, prévaut cette idée. A en croire la Constitution du Sénégal qui dans son article 1^er dispose que la République du Sénégal est laïque démocratique et sociale, le concept républicain est énoncé solennellement. République! Res-publica en latin! Littéralement chose publique. Il n’appartient donc pas à un quelconque groupe ou famille de se l’approprier. Je veux bien croire , j’en reste persuadé d’ailleurs,que nul du fait de ses avantages, ne doit s’obliger de se soustraire à des ambitions politiques. Toutefois cela doit se faire dans les règles du droit. C’est ainsi que subsiste la permanence de l’État. Je ne récuse pas l’adoubement. Je veux bien m’associer, avec ironie comprenez, à ce cri de guerre: "Nous te suivrons jusque là où tu voudras aller ", si cela s’effectue dans les règles de l’art. J’en appelle donc à la conscience et à la responsabilité de tous. Je veux croire avec vous que le destin du pays se fera dans les règles. Je veux croire que la permanence de l’État s’effectuera en conformité avec le droit. L’espoir est permis même si l’oiseau de mauvaise augure commence à se manifester. A nous de ne faire sien cette loi d’airain de l’oligarchie dont parle Benoît Dickels qui consiste en la captation par un groupe du jeu politique.

                                   Thierry Lucas Diouf