L’Alternative à “l’Alternoce”
Au soir du Dimanche 19 Mars 2000, une ère nouvelle commençait au Sènégal: celle de l’Alternance. Le peuple aspirait à un changement après 40 ans de règne socialiste (sous Senghor de 1960 à 1980 puis sous Abdou Diouf de 1980 à 2000). Même si durant ces 40 ans de pouvoir des efforts considèrables ont été faits dans le domaine politique (Gouvernements à Majorité Prèsidentielle Elargie), etc. la population en génèral, plus particulièrement les jeunes, aspirait à un nouveau souffle. Force est de reconnaître que la vie était de plus en plus chère après la dévaluation survenue en 1994. Le changement s’avèrait alors comme étant la seule voie de sortie afin que le Sénégal puisse se tirer de sa situation de pauvreté extreme, voire absolue.
L’élection de Maître Abdoulaye Wade à la magistrature suprême au soir du 19 Mars 2000 a été pour d’aucuns, un immense miracle. L’on s’attendait au scenario de 1988 où la population sénégalaise allait descendre dans la rue, brûler des pneus, des bus.. On décrèterait un couvre-feu. Maître Wade et ses allies seraient jetés en prison, puis libèrés après des négociations pour l’obtention de postes gouvernementaux. Mais tout cela n’eut pas lieu. A la grande surprise de l’opinion, Abdou Diouf accepta dignement sa défaite face au candidat Wade. Un fait rare en Afrique mais plein de signification dans la mesure où la plupart des dirigeants africains tiennent coûte que coûte à rester le plus longtemps possible au pouvoir. Une fois Wade installé au pouvoir, l’on espèrait de grands changements dans notre situation de vie actuelle. Tel ne fut malheureusement pas le cas. Bien qu’il y ait des résultats positifs (construction de routes, creation de projets pour la creation d’emplois à savoir le F.N.P.J. ou Fonds National de Promotion de la Jeunesse, l’initiative de la Case des Tout-Petits afin de familiariser les tout-petits avec les NTIC, la nomination d’une femme au poste de Premier Ministre), beaucoup de critiques sont à formuler du point de vue de sa gestion du pouvoir depuis maintenant 8 ans. En effet, sur le plan politique, l’on a assisté à une véritable guerre aussi bien au sein du Parti Démocratique Sénégalais qu’avec ses partisans de la CA 2000. Commençons tout d’abord par la CA 2000. Souvenez-vous qu’après les Prèsidentielles de 2000, Moustapha Niasse, qui de surcroît, a joué un rôle crucial dans l’élection de Wade de par son apport financier non négligeable fut nommé premier Premier Ministre du premier Gouvernement de l’Alternance. Malheureusement, cette collaboration ne fera pas long feu.
Niasse sera limogé en Mars 2001par Wade parce que selon lui, ce dernier voulait sa place. Il s’en suivit une liquidation totale des sociétés pètrolières où ce dernier détenait des actions importantes à l’image de la guerre entre George W. Bush et l’actuel candidat républicain John Mc. Cain. S’en suivent les leaders du PIT, de la LD-MPT, du RND, ainsi que Idrissa Seck et Macky Sall. Tout cela se faisait dans le but de gouverner seul le pouvoir d’où les multiples remaniements intervenus entre 2000 et 2008 et les liquidations Sur le plan économique, il y a eu une destruction quasi-totale du système économique. Les sociétés qui, naguère, faisaient la fierté de notre pays (Sonacos, Ics) ont toutes mis la clef sous le paillasson.Tout cela est dû non seulement à une mauvaise gestion mais aussi au manque de qualification de leurs dirigeants. Le budget de la Prèsidence, de l’Assemblée Nationale, de la Primature est passé de quelques centaines de millions sous le régime socialiste à des milliards de FCFA. Sur le plan des institutions, beaucoup de structures ont été créées afin de recaser les militants du Parti. Je veux parler de l’actuel Sènat où 65 députés sont nommés par le Prèsident, ce qui garantit à coup sûr une majorité confortable. Sur le plan religieux, toutes les communautés sont dans la division la plus totale. Récemment, il vient d’offrir une limousine à 8 Cylindres au nouveau khalife génèral des Mourides dans des conditions assez mystèrieuses. En tant que fervent talibé mouride, je doute beaucoup sur la “Mouridité” du Président. Tout l’argent gaspillé inutilement aurait pu servir à l’amélioration des conditions d’existence des populations, à la reduction du chomâge. Par rapport à tout cela, nous avons une grande part de responsabilité dans cette gestion anarchique des biens publics. Nous, les Sénégalais, sommes trop naïfs et, excusez-moi du terme hypocrites. Comme le dit l’adage: “Il n’est jamais trop tard pour bien faire”. Je pense qu’il est nécessaire qu’on s’unisse autour de l’essentiel, qu’on arrête de parler inutilement. Il est vraiment temps d’agir afin d’éviter la dérive car le pays risque d’être transformé en monarchie.
Mouhamadou Falilou M’Backé N’Diaye
